Le système d'identification des déportés
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Les catégories de détenus étaient identifiées, dès l'ouverture des camps, par des triangles de couleur : rouge pour les prisonniers politiques, noir pour les asociaux, violet pour les Témoins de Jéhovah (ou Bibelforscher, c'est à dire « scrutateurs de la bible »), rose pour les homosexuels, vert pour les prisonniers de droit commun en détention illimitée.
Elles se superposèrent progressivement à de nouvelles catégories : triangle jaune pour les Juifs, brun pour les Tsiganes, indication de nationalité (lettre portée dans le triangle définissant le pays d’origine : B pour les Belges, F pour les Français, P pour les Polonais, etc.).
La couleur bleue enfin fut attribuée aux déportés dits « apatrides », tels les Républicains espagnols réfugiés en France puis déportés, reniés à la fois par le pouvoir franquiste et la France de Vichy.
Le numéro de matricule était gravé sur un triangle métallique, lui-même cousu sur l'habit de déporté. Les détenus pouvaient aussi porter un bracelet d'identification. Peu de déportés par mesure de répression ont été tatoués, ce "marquage" étant surtout pratiqué dans le camp d'Auschwitz-Birkenau pour les déportés juifs.
L'Ain, un département durement touché
L’histoire de la déportation dans l’Ain est intimement liée à celle des réseaux de la Résistance, très active et structurée dans ce département. La grande majorité des personnes arrêtées lors des rafles punitives l’ont été en raison de leur aide réelle ou supposée au réseau des maquis.
En parallèle, et comme partout en France, la population juive a durement subi les lois antisémites du régime nazi, relayées par le gouvernement de Vichy. La rafle et l'extermination des enfants juifs réfugiés à Izieu restera l'un des drames les plus marquants de l'histoire de la Seconde guerre mondiale.
Les rafles et opérations punitives ont particulièrement impacté la mémoire collective du département, notamment en raison de la violence de ces épisodes et du bilan humain qui en résulta. Il ne faut cependant pas oublier que, parallèlement aux rafles, des arrestations de "suspects" isolés ont été menées durant toute l'occupation allemande, sur dénonciation ou de manière aléatoire.
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Monument départemental des Déportés,
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le "petit port" à Nantua
Le travail d’investigation réalisé par l’association "Mémoire de la Déportation-Mémorial départemental de Nantua" ces dernières années, particulièrement par Elie Ravot, fait ressortir des informations supplémentaires sur la déportation dans l’Ain.
Entre 1941 et août 1944, plus de 1400 personnes sont arrêtées et envoyées dans les camps de concentration où ils subiront la barbarie nazie.
Les victimes sont en grande majorité des hommes (97%). Seulement 562 ont survécu. A ce jour, on dénombre :
- 100 déportés pour causes raciales
- 1 300 résistants ou victimes des représailles nazies
Les chiffres de la déportation en France
L’Institut d'Histoire du Temps Présent (CNRS) et le Ministère des Anciens Combattants retiennent le chiffre de 141 000 déportés partis de France dont 75 000 pour des raisons raciales (dont 2 500 survivants), 42 000 pour faits de résistance (dont 23 000 survivants) et 24 000 pour des raisons diverses.
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, après plusieurs années de recherches, a établi un recensement de tous les déportés partis de France suite à des arrestations par mesure de répression : résistants, politiques, raflés, otages, et parfois droit commun, quelle que soit leur nationalité. La liste est présentée par convois et par ordre chronologique. Elle n'inclut pas les déportés pour raison raciale, sauf les personnes arrêtées par mesure de persécution et ne figurant encore dans aucun mémorial français : les Juifs « conjoints d’aryennes » déportés sur l’île d’Aurigny, les Tsiganes et Juifs déportés depuis le Nord et le Pas-de-Calais, zone rattachée au Commandement militaire allemand de Bruxelles.
Le Livre-Mémorial de la Fondation recense les noms de 89 390 déportés sur 363 listes de départs en déportation. Parmi eux, 88 597 sont arrêtés par mesure de répression et 793 relèvent de cas de persécution. Environ 10% sont des femmes et près de 40% meurent en déportation alors que le devenir est connu pour 93% des déportés recensés.
En savoir plus : http://www.bddm.org/liv/index_liv.php
Serge Klarsfeld, dans le Mémorial de la déportation des Juifs de France publié en 2001, et le Mémorial de la Shoah, estiment à 80 000 le nombre de victimes juives par mesure de persécution en France : 55 000 sont des Juifs étrangers et 25 000 des Juifs de nationalité française.
76 000, dont environ 11 400 enfants (2 000 de moins de 6 ans) ont été déportés, dont 69 000 à Auschwitz. Seuls 2 500 ont survécu. 3 000 sont morts dans les camps d'internement français. 1 000 sont exécutés ou abattus sommairement en France.
240 000 Juifs, les 3/4 des Juifs de France, ont survécu grâce essentiellement à la sympathie et à la solidarité de la population.
En savoir plus : www.memorialdelashoah.org