Rendre hommage pour ne pas oublier
Le Comité des déportés choisit Louis Leygue
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Louis Leygue lors de l'installation
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du gisant. Coll. privée.
En 1947, le Comité des Déportés de Nantua décide la réalisation d’un monument à la mémoire des déportés du canton. Ce comité, présidé par M. Farrichon, compte parmi ses responsables, Simon Pernod, ancien déporté victime comme beaucoup de ses concitoyens de la rafle du 14 décembre 1943, et futur maire de Nantua (1971-1975). Simon Pernod sollicite son ami et ancien déporté, le sculpteur Louis Leygue. Sur la base d'un solide argumentaire quant au type de mémorial qu'il envisage et maquette à l'appui, le projet est validé par le Comité et par une commission parisienne.
L'implantation en bord de lac, choisie pour magnifier l'ensemble et l'isoler de la ville, a aussi été déterminée par le sculpteur. Le 9 octobre 1949, un mois avant l'inauguration du monument, il est interrogé par la presse. Voici ce qu'il déclare : "Lorsque le comité local de Nantua m'a demandé d'étudier un monument à la mémoire des déportés, j'ai pensé à le placer dans le cadre magnifique du lac. J'ai cherché un endroit assez retiré, loin des bruits de la ville, loin des fêtes éventuelles. De plus, j'ai choisi l'endroit où la ligne plongeante des montagnes semble se rencontrer au loin à la surface des eaux. Ce lieu magnifique centre l'attention sur le monument."
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Croquis préparatoire de Louis Leygue. Archives départementales de l'Ain.
Une oeuvre hors du commun
Le projet de Louis Leygue est très différent des monuments ou statues commémoratives que les villes créaient à l'époque. L'oeuvre a fait couler beaucoup d'encre, certains observateurs étaient déroutés par la créativité de l'artiste, qui a choisi de rompre avec le modèle traditionnel du monument aux morts hérité de 1914-1918.
Le sculpteur s'explique sur ses choix artistiques : "Une sculpture seule aurait été perdue dans cette immensité, j'ai voulu faire un ensemble architectural en harmonie avec le paysage. Ma première idée a été de faire un bloc énorme, écrasant, comme le symbole de l'oppression nazie. Ce bloc, je lui ai donné une forme régulière. Il est posé horizontalement sur quatre piliers entre lesquels repose une statue d'un homme couché taillé dans la pierre. (...) Une colonne de lumière tombe sur le gisant qui semble relié au ciel d'une manière idéale ; c'est en somme une lanterne aux morts."
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Le mémorial dans son environnement naturel.